On constate depuis plusieurs années une baisse du tabagisme, mais cette tendance est moins sensibles chez les jeunes, cibles privilégiés des cigarettiers. Cigarettes à la framboise, à la vanille, au réglisse… Les fabricants l’ont bien compris : plus les on commence à fumer tôt, plus on risque de devenir un fumeur régulier et moins on a de chances de pouvoir arrêter de fumer.
Depuis quelques années, la lutte contre le tabagisme a marqué des points grâce à l’augmentation des prix, l’interdiction de fumer dans les lieux publics et de vente aux moins de 16 ans notamment. Mais il est encore un peu tôt pour crier victoire.
Une baisse du tabagisme… moins sensible chez les jeunes
Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), les 17-25 ans boude de plus en plus le tabac et l’alcool. Entre 2000 et 2005, les jeunes de 17 ans sont 33 % à fumer quotidiennement en 2005, contre 41 % en 2000. La baisse s’observe également chez les jeunes adultes (18-25 ans) : alors que 40 % d’entre eux fumaient en 2000, ils ne sont “plus que“ 36 % en 2005 (1).
On constate ainsi une baisse du tabagisme, constante depuis la fin des années 1990, une tendance qui devrait largement se poursuivre. Mais le tabagisme reste la première cause de mortalité évitable après près de 9 décès directement imputables au tabac.
De plus une étude conduite par Paris sans Tabac avec l’aide de la CPAM et du Rectorat de Paris tend à contredire cette baisse généralisée… Selon cette enquête conduite sur 2% des élèves parisiens, alors que chez les 12 ans le tabagisme quotidien reste inférieur aux années précédentes, de 13 à 18 ans, le taux de tabagisme quotidien est supérieur à ce qu’il a été de 2004 à 2007. C’est chez les 13-15 ans que l’augmentation par rapport aux 4 dernières années est la plus forte (+66%, reprenant l’essentiel de la baisse constatées en 2004-2007) chez les 16-18 ans l’augmentation est de 16% ne grignotant que très partiellement les bénéfices obtenus en 2004-2007. La consommation reste cependant globalement très inférieure à ce qu’elle était entre 1991 (loi Evin) et 2003 (début du plan cancer) (2).
Protéger les jeunes de la publicité
Cette année, la journée mondiale sans tabac organisée a pris pour thème “Jeunesse sans tabac“. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la plupart des fumeurs commencent à fumer avant l’âge de 18 ans et près d’un quart d’entre eux ont commencé à consommer du tabac avant l’âge de 10 ans. Plus les jeunes commencent à fumer tôt, plus ils risquent de devenir des fumeurs réguliers et moins ils auront de chances de pouvoir arrêter de fumer (3).
Il est clairement établi que l’exposition à la publicité directe et indirecte en faveur du tabac ainsi que d’autres stratégies de commercialisation utilisées par l’industrie du tabac poussent les jeunes à faire davantage l’expérience du tabac et accroissent, par conséquent, pour eux le risque réel de consommer régulièrement des produits du tabac. L’industrie du tabac dépense des dizaines de milliards de dollars dans le monde chaque année pour commercialiser ses produits de manière efficace en faisant appel à un maximum de moyens.
Face à cette menace pour les jeunes, la Journée mondiale sans tabac de cette année met l’accent sur le message suivant : “Un des moyens les plus efficaces pour les pays d’éviter que les jeunes ne fassent l’expérience du tabac et ne deviennent des consommateurs réguliers consiste à interdire toute forme de publicité directe et indirecte pour le tabac, y compris la promotion des produits du tabac et le parrainage par l’industrie du tabac de manifestations ou d’activités“. C’est le cas en France depuis la loi Evin mais la France doit cependant faire face à de nouvelles offensives marketing.
Lutter contre les tabacs sucrés
Selon Paris sans tabac, les cigarettes sucrées sont au tabac ce que les prémix sont aux alcools forts : une manière pour l’industrie de faciliter l’abus en masquant habilement la toxicité et l’additivité d’un produit du tabac.
Ces cigarettes parfumées sont apparues en France il y a 2 ans. Roses pour les filles, noires pour les garçons, elles ont un goût vanillé sucré ou réglisse. Les jeunes consommateurs disent qu’elles sont plus douces alors que, analysées dans les machines à fumer, ces cigarettes sont en réalité parmi les plus fortes du marché, se situant même à la limite maximum admise en Europe pour le goudron (10 mg) et le CO et proches du seuil limite pour la nicotine. Ce sont donc des cigarettes à la forte toxicité dont l’attrait réside en une couleur attirante et dont le goût fort est masqué pour en faire un produit d’initiation au tabac. L’enquête conduite par PST en 2008 montre que c’est à 13 ans que la cigarette parfumée est le produit le plus consommé parmi les fumeurs les cigarettes Pink Elephant (Rose) et Black Devil (Noir) sont les marques les plus vendues, les plus ciblées “enfant“. Plus d’un tiers des fumeurs en consomment à 13 ans, ils sont moins de 5 % des fumeurs à en consommer à 15 ans (2).
L’interdiction de vente de tabac aux moins de 16 ans devrait compliquer la tâche aux débitants de tabac… mais là encore, la réalité est bien différente. Le Comité national contre le tabac a ainsi mené “400 visites mystère“ sur un échantillon représentatif de débits de tabac. Résultat : 74 % d’entre eux ont accepté de vendre un paquet de cigarettes à un jeune de moins de 16 ans…
Luc Blanchot
1 – Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’InVS, n°13, p 89-92, 25 mars 20082 – Conférence de presse de l’Alliance contre le tabac en Ile-de-France et ses partenaires nationaux et européens – 21 mai 20083 – Dossier de presse de l’Organisation mondiale de la santé – Journée mondiale sans tabac 2008Click Here: camiseta seleccion argentina