Trop d’échographies, d’examens biologiques, de bilans de santé, d’ordonnances de médicaments, de recours à l’imagerie “lourde“, voire à des interventions chirurgicales, sont réalisés de façon abusive et sans discernement, déplore l’Académie nationale de médecine.
Trop d'examens médicaux inutiles, estime l'Académie de Médecine.
Dans son rapport “Améliorer la pertinence des stratégies médicales“ qu’elle vient de rendre public, l’académie dresse un bilan sans concession de ces dérives, sources “d’inflation de dépenses“ pour la collectivité, sans pour autant apporter de bénéfices aux patients.“Il n’y a pas de prescription faite en dehors d’un docteur en médecine (ou en dentaire), ce qui souligne la responsabilité du corps médical dans les dérives“, assène cette instance conseillère des pouvoirs publics. Sans jeter la responsabilité sur certains en particulier (“Personne n’est totalement coupable, mais nous sommes tous responsables“), elle avance plusieurs pistes pour y remédier (valorisation de la qualité des soins, amélioration de la formation initiale des médecins…).L’examen clinique et l’interrogatoire délaissés au profit de l’imagerieL’Académie regrette en particulier que l’examen clinique minutieux du patient, qui fait partie, avec l’interrogatoire (prises de médicaments, antécédents…), de la stratégie de prise en charge du patient, soit insuffisamment pris en compte, y compris dans les études médicales.Le peu de temps qui lui est consacré associé au principe de précaution, à la crainte de poursuites judiciaires (multiplication des actes pour se “couvrir“ en cas de plaintes), ainsi qu’au consumérisme médical (“j’ai payé, j’y ai droit“) expliquent bien des excès, estime l’Académie.Elle questionne l’utilité des bilans de santé gratuits proposés par l’Assurance maladie. Environ 600 000 personnes s’y soumettent tous les ans, avec notamment des analyses biologiques pour mesurer de nombreux paramètres dans le sang et les urines. “Or, une étude très récente, publiée par la Cochrane Library et portant sur 182 880 cas, conclut que cette pratique ne réduit pas la morbidité et la mortalité, ni globalement, ni pour les pathologies cancéreuses, ni pour les maladies cardiovasculaires“. L’Assurance maladie, consciente de ces critiques, oriente désormais ces bilans vers des populations ciblées par l’âge et les conditions sociales ou dans des études épidémiologiques organisées, note-t-elle toutefois.Parmi d’autres exemples, l’Académie s’étonne que l’Assurance maladie rembourse la répétition abusive, et potentiellement nocive, de
mammographies effectuées en dehors du cadre du
dépistage organisé du cancer du sein, notamment au-delà de 74 ans.Autres pratiques à proscrire, les répétitions inutiles d’
analyses, les “prescriptions floues“ style “bilan thyroïdien“ ou “bilan hépatique“, et les “analyses redondantes“, consistant à prescrire un nouveau dosage sanguin, ou un nouvel examen, considéré comme plus performant sans pour autant abandonner l’ancien, et ce, sans bénéfice pour le patient.Des actions à court et long termesL’Académie préconise à la fois des actions à court et à long terme. Au niveau structurel, elle suggère une réforme radicale du second cycle des études médicales avec un renforcement des enseignements transversaux et la possibilité d’attribuer des points négatifs en cas d’erreur lors de l’examen classant national (ECN). Elle recommande par ailleurs à la Haute Autorité de Santé qui édicte aux médecins des recommandations de bonne pratique clinique de les simplifier (en réduisant leur taille à 2 pages) et de les rendre plus accessibles de façon à ce que les médecins puissent les appliquer. La CNAM a également son rôle à jouer dans l’amélioration de la pertinence de la stratégie médicale, à travers des contrôles plus stricts des limites d’âge des actes de dépistage fixés par les recommandations par exemple ; l’Académie lui conseille par ailleurs d’ouvrir de façon anonymisée ses bases de données afin de réaliser des évaluations de pharmacovigilance et de pharmaco-épidémiologie. Elle suggère enfin de réévaluer les activités médicales “privilégiant l’acte intellectuel versus l’acte technique“, de valoriser les premières consultations, plus longues, ainsi que les consultations lourdes et l’expérience du praticien.Amélie Pelletier avec AFP/RelaxnewsSource : “Améliorer la pertinence des stratégies médicales“ – Rapport de l’Académie Nationale de Médecine, le 8 avril 2013 (
rapport en ligne).Click Here: camiseta seleccion argentina