Extraire des globules blancs, les transformer pour qu’ils s’attaquent au cancer et les réinjecter au patient, tel est le principe du traitement mis au point à l’Etablissement français du sang de Besançon pour guérir de la leucémie. Une première mondiale réalisée par une équipe académique qui va néanmoins nécessiter d’importants financements avant de pouvoir être testé sur l’homme.
Sommaire
- Le principe des cellules CART
- Un espoir pour les patients qui échappent aux traitements actuels
- Un passage à l’homme qui va nécessiter du temps et de l’argent
Le principe des cellules CARTLe principe des CART-cells est de collecter des lymphocytes T du patient, de les reprogrammer génétiquement et de les multiplier dans un laboratoire et enfin de les réinjecter. La reprogrammation implique l’insertion d’un gène artificiellement conçu dans le génome de la cellule T, afin que ces cellules soient capables de trouver et de détruire les cellules cancéreuses dans tout le corps. Les cellules réimplantées constituent alors un traitement personnalisé et de précision, le traitement agissant comme de véritables “missiles ciblés” sur les tumeurs.
Au cours des dernières années, cette technique a déjà donné lieu à des
résultats spectaculaires contre la leucémie lymphoïde chronique, la
leucémie aiguë lymphoblastique (avec deux formes de cellules Cart-T), le
lymphome non-hodgkinien, le
glioblastome ou le
myélome multiple. Ces traitements sont extrêmement coûteux, de l’ordre de 350 000 euros pour les deux premiers ayant reçu une autorisation de mise sur le marché européenne : Kymriah © (pour la leucémie aiguë lymphoblastique B avant 25 ans et le lymphome diffus grandes cellules B) et Yescarta ® (pour le lymphome diffus à grandes cellules B).Les Drs Christophe Ferrand et Marina Deschamps et leur groupe de l’Etablissement français du sang de Besançon ont développé, en coopération avec le Dr Fabrice Larosa hématologue au CHU de Besançon, une stratégie permettant de cibler un marqueur (IL-1RAP) exprimé par la cellule souche leucémique, en partie à l’origine des rechutes en cas d’arrêt ou d’intolérance au traitement de première ligne.Un espoir pour les patients qui échappent aux traitements actuelsLongtemps dénuée de symptômes et d’évolution lente, la
leucémie lymphoïde chronique (LLC) est généralement diagnostiquée à l’occasion d’un test sanguin de routine. Il s’agit d’un cancer des lymphocytes B (variété de globules blancs). La plupart des patients n’ont pas besoin d’un traitement, une simple surveillance est préconisée. En cas de symptômes (infections, anémie…), le traitement repose sur une chimiothérapie anticancéreuse et des thérapies ciblées (essentiellement des anticorps monoclonaux). En cas d’absence de réponse au traitement, d’autres thérapies ciblées (inhibiteurs de tyrosine kinase) sont possibles.Enfin, une greffe de cellules souches (allogreffe) peut être proposée. Mais ce traitement très lourd nécessite de trouver une personne présentant une compatibilité immunologique avec le patient,
comme le rappelle la Haute Autorité de Santé. Et cette procédure est dangereuse : approximativement, elle guérit un tiers des patients, sera suivi d’une rechute dans un autre tiers et entraîne le décès de près d’un tiers des patients.Un passage à l’homme qui va nécessiter du temps et de l’argentLe traitement développé par l’équipe de Besançon interviendrait pour les patients dont la maladie échapperait au traitement initial. Les chercheurs ont montré que ces CART-cells sont capables de tuer in-vitro les cellules leucémiques de patients et d’éliminer in-vivo des tumeurs implantées dans des souris humanisées. Selon leurs résultats, ces CART-cells ont une toxicité réduite sur les tissus sains et sur l’hématopoïèse humaine. Leurs recherches ont fait l’objet d’une publication et d’une protection par une demande de brevet.C’est la première démonstration de développement d’une immunothérapie cellulaire de type CART-cells par une équipe académique française et la première mondiale ciblant IL1RAP impliqué dans les rechutes de LLC.La prochaine étape consistera à passer de l’animal à l’homme. La plateforme de préparation de MTI de Besançon est l’une des rares plateformes académiques françaises répondant aux normes européennes pour la fabrication de tels médicaments. Mais ce passage aux essais cliniques chez l’homme nécessite d’importants financements…Click Here: Atlanta United FC Jersey