Varicelle : faut-il vacciner les nourrissons ?

Aux Etats-Unis, le vaccin contre la varicelle a permis de faire chuter considérablement le nombre de morts lié à cette maladie. Pourtant les experts français n’ont pas encore décidé de recommander la vaccination systématique des nourrissons en France. Petit point sur la situation.

Faut-il introduire le vaccin contre la varicelle dans le calendriervaccinal français ? La question mérite d’êtreà nouveau posée. L’expérience des Etats-Unisprouve que la vaccination systématique des nourrissons esten mesure de diminuer en quelques années le nombre de mortsliée à cette maladie (1).Dans ce pays, un programme de vaccination des nourrissons aété mis en place en 1995 et la proportion d’enfantsvaccinés (enfants de 19 à 35 mois) est passéeprogressivement de 26 % en 1997 à 76 % en 2001. A la suitede cette mesure, le nombre moyen de décès liésà la varicelle a chuté, passant de 145 par an entre1990 et 1994 à 66 par an entre 1999 et 2001. Si la baisse dela mortalité est plus forte chez les 1-4 ans, elle concernenéanmoins toutes les classes d’âge jusqu’à 49ans, y compris les moins d’un an, pourtant non vaccinés. Ceteffet favorable, qui dépasse largement les seuls enfantsvaccinés, peut s’expliquer par une moindre circulation duvirus, grâce à la vaccination.700 000 cas et 18 décès par anDans ces conditions, la réticence des expertsfrançais à vouloir introduire ce vaccin dans lecalendrier vaccinal est-elle encore justifiée ? Selon lesdernières estimations, recueillies grâce à unréseau de médecins généralistes“sentinelles“ et parue dans le Bulletinépidémiologique hebdomadaire (2), de 1993 à2003, entre 553 000 et 751 000 cas de varicelle sont survenueschaque année en France. Des complications ontété observées dans 4 % des cas,essentiellement des surinfections cutanées (26 %), dessurinfections respiratoires (23 %) ou des complications ORL (24 %).Ces complications étaient deux fois plus fréquenteschez les plus de 15 ans (6 % contre 3 % chez les plus jeunes).En moyenne, 3 500 hospitalisations sont dues à la varicellechaque année. De 1976 à 2000, on estime que 428décès ont été liés àcette infection (dans 269 cas la varicelle était la causeprobable et dans 135 la cause possible). Si dans 89 % des cas lavaricelle se déclare chez des enfants de moins de dix ans,la plupart des décès (61 %) se sont produits chez despersonnes de 15 ans ou plus.Le risque d’infections tardivesCes chiffres confirment que les varicelles contractéestardivement sont les plus dangereuses en terme de complications.C’est d’ailleurs cette gravite particulière des formestardives qui incite les autorités sanitairesfrançaises à la prudence. Si la vaccination desnourrissons diminue la circulation du virus et donc lafréquence des infections même chez les enfants nonvaccinés, ce que l’on observe actuellement aux Etats-Unis,en contrepartie, ces nourrissons non vaccinés atteindrontl’âge adulte sans être immunisés.Théoriquement, un faible taux de couverture vaccinalepourrait donc décaler la varicelle vers l’âge adulte.Mais là encore, neuf ans après ses débuts,l’expérience américaine est rassurante : on n’a pasobservé de décalage de la varicelle chez des sujetsplus âgés.Des études en coursUn sondage réalisé en 2004 avait montré quedans leur très grande majorité (75,4 %), lespédiatres pensaient que les enfants sains devaientêtre vaccinés et 91,9 % que les autorités desanté devraient recommander cette vaccination. Aujourd’hui,l’Institut de veille sanitaire a entrepris un travail pourévaluer l’impact qu’aurait la vaccination des nourrissons enFrance sur l’épidémiologie de la varicelle et duzona. Une enquête est également en cours auprèsde généralistes et de pédiatres pour essayerde déterminer quel serait le niveau de vaccination si lespouvoirs publics décidaient de recommander le vaccin contrela varicelle pour tous les nourrissons, au même titre que leROR, déjà inclus dans le calendrier vaccinal pour lesnourrissons de un à deux ans. La possibilitéd’associer en une seule injection ces quatre vaccinations devraitfaciliter l’application d’une telle mesure. Mais, quelle que soitl’option retenue par les experts, il sera indispensable desurveiller l’importance de la couverture vaccinale, qu’ellerésulte d’une décision individuelle ou del’application du calendrier vaccinal. “Une couverture moyenneconstituerait une situation préoccupante“, estime DanielLévy-Bruhl, qui envisage finalement une autrepossibilité : recommander la vaccination pour lesadolescents non encore immunisés, ce qui permettraitd’éviter la plupart des formes graves sans s’exposer auxeffets pervers de la diminution de la circulation virale.Les avantages de la vaccination dépendent doncétroitement de la manière dont elle sera suivie etl’existence d’un taux de vaccination spontanéeélevé pourrait pousser les pouvoirs publics àtrancher en faveur du vaccin, pour éviter lesdemi-mesures.Dr Chantal Guéniot1 – N.Engl.J.Med., 2005 ; 352 : 450-4582 – BEH n° 8, 2005Click Here: Fjallraven Kanken Art Spring Landscape Backpacks