Le ministère de la Santé et l’Institut national du cancer (INCa) ont lancé officiellement, le 26 septembre, le mois national de mobilisation contre le cancer du sein Octobre Rose, appelant les femmes ciblées par le dépistage organisé à y participer. Dans le même temps, l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir dénonce une information erronée et demande une révision de la campagne afin que les femmes soient réellement libres de choisir d’y participer.
Cancer du sein : lancement officiel d'Octobre rose, dénoncé par l'UFC-Que Choisir.
Avec 53 000 nouveaux cas par an et 11 500 décès, le
cancer du sein reste en tête des cancers féminins les plus fréquents et les plus meurtriers en France. Dédié à la lutte contre ce cancer, le mois d’octobre est l’occasion pour le ministère de la Santé d’inviter les femmes âgées de 50 à 74 ans à participer au
dépistage organisé du cancer du sein, un dispositif mis en place en 2004, qui repose sur la réalisation d’une
mammographie tous les deux ans, intégralement prise en charge par l’Assurance maladie, sans avance de frais.Bien que largement connu des femmes ciblées par ce dispositif, le dépistage organisé du cancer du sein peine encore à convaincre une bonne partie d’entre elles, puisque seules 52,7 % y participent. Si l’on ajoute les femmes de la même tranche d’âge qui optent pour le dépistage individuel, cela porte à 63 % la proportion de femmes de 50 à 74 ans qui réalisent une mammographie de dépistage du cancer du sein. Un chiffre trop faible estime le ministère de la Santé qui invoque des “freins liés à des facteurs psychologiques, économiques ou géographiques“.
Afin de promouvoir le dispositif, il renouvelle donc sa campagne de communication qui sera visible dans les médias (TV via des spots sur les chaînes de France Télévision, Internet via le site
www.e-cancer.fr, radio avec l’intervention de professionnels de santé répondant en direct sur trois radios : Africa n°1, Radio Orient et Beur FM), sur les réseaux sociaux et plus précisément sur Facebook via l’application I & You. Les professionnels de santé seront aussi sollicités et invités à vérifier la date de la dernière mammographie de leurs patientes grâce à un dispositif interactif mis en place sur le logiciel médical de gestion de dossiers de patients, a indiqué Marisol Touraine. Par ailleurs, des dépliants d’information, des affichettes, des expositions pédagogiques seront mis à la disposition des acteurs de terrain que sont les médecins mais aussi les associations de patients et les structures de dépistage.
L’UFC-Que Choisir dénonce la campagneDe son côté, l’UFC-Que Choisir dénonce l’argument principal sur lequel repose cette incitation au dépistage organisé du cancer du sein, à savoir la baisse de 30 % du taux de mortalité par cancer du sein chez les femmes qui s’y soumettent régulièrement. D’après l’association de défense des consommateurs, ce nombre repose sur des études de piètres qualités qui ont depuis été dénoncées. En outre, il s’agit d’une valeur relative qu’il convient de ramener au nombre réel de vies sauvées. Au final, en valeur absolue, le dépistage organisé réduirait de 0,05 % le risque de mourir d’un cancer du sein, affirme l’UFC-Que Choisir.Forte de ces données, l’association “demande le réexamen des données scientifiques sur le dépistage du cancer du sein par un collège d’experts indépendants“. Elle estime que “dans l’attente du rendu des conclusions de ce collège d’experts, la campagne d’information actuelle doit être révisée et toute femme qui le souhaite doit demeurer libre de participer gratuitement au dépistage“. Enfin, l’UFC-Que Choisir souhaite que soit mis un terme à l’intéressement financier des médecins dans ce dispositif.Le dépistage organisé du cancer du sein controverséCe n’est pas la première fois que le
dépistage organisé du cancer du sein est remis en cause. La
controverse sur son intérêt et surtout sur les risques de surdiagnostic et de sur-traitement auxquels il expose est en effet relancée chaque année à l’occasion d’Octobre rose.De nombreux médecins et scientifiques estiment en effet que le dépistage organisé est peut-être victime de son succès, conduisant au dépistage petites lésions qui n’auraient jamais évolué en cancer du vivant de la patiente et entraînant alors un excès de traitements douloureux et/ou invasifs (
chimiothérapie,
radiothérapie,
mastectomie). C’est notamment la position de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire qui, si elle ne s’oppose pas au dépistage de masse, préfère mettre en garde les femmes contre ce dispositif imparfait et les incite à consulter une fois par an leur gynécologue pour qu’il procède à un examen gynécologique complet.Amélie Pelletier
Sources
– “Octobre rose : poursuivre la mobilisation contre le cancer du sein“ – Dossier de presse du ministère de la Santé, de l’INCa et de l’Institut de veille sanitaire (
dispositif de campagne accessible en ligne).
– Conférence de presse de l’UFC-Que Choisir, 26 septembre 2012.
– Conférence de presse de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire, 18 septembre 2012.