Zika et microcéphalie : un premier lien causal démontré

Un groupe de chercheurs américains montrent pour la première fois un lien entre l’infection par le virus Zika et la microcéphalie. Le virus infecterait, de façon sélective et très rapide, un type particulier de neurones humains, des cellules progénitrices essentielles au développement du cerveau.

Un premier lien entre Zika et microcéphalie est scientifiquement démontré.

Dans un article paru dans la revue Cell Stem Cell, des chercheurs montrent le premier élément pouvant constituer une preuve scientifique du lien causal entre l’infection par le

virus Zika et la

microcéphalie. Dans ce travail conduit par le Pr Guo-Li Ming de l’Institut John Hopkins de Baltimore (Etats-Unis), des chercheurs montrent que le virus infecte de façon sélective les progéniteurs neuronaux, un type particulier de

neurones humains dérivés de

cellules souches pluripotentes – des cellules “mères“ pouvant donner lieu à tout type de cellules spécialisées et dans ce cas, elles ont un rôle clé dans le développement du cortex. Les cellules infectées se mettent à leur tour à produire des particules virales, ce qui altère la régulation du cycle de production cellulaire, diminue la croissance  de ces cellules et peut même provoquer leur mort.Une infection très rapideCe travail est le fruit d’une collaboration entre plusieurs centres experts américains. Les auteurs arrivent à démontrer qu’à peine 3 jours après l’exposition au virus, 90 % des cellules progénitrices cérébrales, en particulier du cortex, étaient infectées et produisaient des quantités importantes de particules virales.Le résultat est que, dans la mesure où les systèmes de défense antiviraux ne sont pas encore activés, les cellules meurent en grand nombre alors que d’autres présentent des altérations de la régulation génétique et un développement anormal. Résultat : entre 66 et 72 heures après l’infection, une diminution de 29,9 % des cellules viables était observée. De plus, les cellules “rescapées“ voyaient leur division cellulaire altérée.D’autres travaux nécessairesSi ces observations constituent la première preuve d’un lien causal entre Zika et microcéphalie, pour les auteurs, ces anomalies n’expliquent pas tout. Selon eux, de nombreuses données sont encore nécessaires pour expliquer un lien causal direct. Car ces altérations ne suffissent pas, à elles seules, à expliquer la microcéphalie mais aussi parce que les chercheurs ont utilisé pour ces travaux une souche de virus Zika issue de singes, apparue bien avant l’épidémie actuelle qui sévit dans de nombreux pays.Mais pour les auteurs, cette étude expérimentale a le mérite d’ouvrir la voie à une meilleure compréhension des mécanismes cellulaires et moléculaires expliquant cette relation Zika-microcéphalie.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, on comptait près de 6000 cas suspects de microcéphalies ou d’anomalies cérébrales au Brésil en octobre 2015 contre 163 en moyenne les années précédentes. Une vingtaine de cas avait été diagnostiquée en Polynésie française lors de l’épidémie de 2013-2014 contre 0 à 2 cas en moyenne.Dr Jesus CardenasSource : Tang H, Hammack C, Ogden S, Ming GL et al. Zika virus infects human cortical neural progenitors and attenuates their growth. Cell Stem Cell 2016 (

article disponible en ligne).Photo :  Josiane da Silva tient son fils Jose Elton, né avec une microcéphalie, à Alcantil (Brésil), le 7 février 2016 – Felipe Dana/AP/SIPAClick Here: pinko shop cheap